Histoire de la carte postale #4

Dernier volet de notre histoire de la carte postale …

Les éditeurs

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Au début du XXème siècle, le succès de la carte postale est tel que l’on dénombre des dizaines de milliers d’éditeurs de cartes postales.

A Nancy, en juin 1898, Bergeret (AB &C°) (ci-contre) installe son premier atelier de phototypie.
En 1900, 65 ouvriers y travaillent sur 17 presses qui produisent 25 millions de cartes postales, en 1901 30 millions de cartes, en 1905 Bergeret fusionne avec Humblot et Helminger, les Imprimeries Réunies produisent alors 90 millions de cartes annuellement, en 1909 la production annuelle nancéienne atteint 100 millions soit presque le quart de la production nationale.

Les Imprimeries Réunies impriment à elle seule 500 000 cartes postales par jour.
De 1900 à 1930,  la production des seules imprimeries de Nancy atteint 3 milliards de cartes.
A Saint-Brieuc,  Emile Hamonic et fils, cité comme un des 6 premiers éditeurs français en 1904 avec une production globale estimée entre 50 et 100 millions de cartes(ci-dessous).
Armand Waron et fils s’installent en 1898. La production en 1899 est de 16 000 cartes, en 1900 de 190 000 cartes et en 1901 de  475 000 cartes.
A Quimper, Joseph-Marie Villard père et fils, installé depuis 1898, a produit plus de 7000 numéros de cartes connus.

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Citons encore : A Paris, Lévy et fils (LL), Le Deley (ELD), Neurdein (ND. A Limoges, Tesson (MTIL). A Cognac, Collas (CCCC). A Nantes, Gabriel Artaud et fils, et Artaud-Nozais (Gaby) éditent de nombreuses cartes humoristiques et de vues de toute la France avec prédilection pour la Bretagne.

A cette époque le moindre épicier, buraliste ou mercier de village édite également des cartes postales. Les gros imprimeurs les flattent en faisant figurer la mention éditeur  sur les cartes qu’on leur demande d’imprimer.  Ces petits éditeurs locaux réagissent vite lors d’un événement (fête, accident…) et sortent rapidement une carte postale dont le faible tirage et la rareté du sujet en font une carte d’un grand intérêt, et par conséquent de grande valeur marchande par la suite.

Le déclin

Après la première guerre mondiale, la carte postale entre dans une phase de déclin. Les causes sont très certainement multiples ; en voici quelques unes :
– La photographie se développe dans la presse et les cartes postales événementielles perdent leur intérêt informatif.
La revue l’Illustration créée en 1843 introduit pour la première fois en 1891 des photographies retouchées gravées sur bois.
L’Excelsior est le premier quotidien à utiliser la photographie en 1910.
Paris-Soir, pratiquement dès sa création en 1924, se distingue par ses illustrations photographiques.

– Les appareils photographiques plus maniables apparaissent également à la fin de la guerre et sont à un prix abordable.
– La T.S.F. (radio). Les premières radiodiffusions publiques ont lieu en 1921. Les nouvelles circulant plus vite, la carte postale perd un peu plus sont rôle informatif.

Le renouveau

Depuis les années 1970, un renouveau s’amorce avec de nouvelles images. Les cartes multi-vues, les cartes humoristiques, les cartes de fêtes, d’anniversaires, de mariages, les reproductions de tableaux ou d’affiches, toutes ces initiatives revivifient la carte postale.
Mais c’est surtout dans le soin qu’apportent les éditeurs que l’on doit ce regain d’intérêt pour la carte postale contemporaine.

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Créée en 1985 par Yvon Kervinio, cette association de photographes, illustrateurs et amateurs de cartes postales a voulu retrouver l’esprit de l’édition des cartes postales du début du siècle. Elle s’attache, entre autres, à publier des photographies de personnages locaux dans leurs comportements quotidiens  (métiers, coutumes, environnement… ). Ces cartes postales à faibles tirages (150 à 300 exemplaires), qu’on appelle modernes actuellement, conservent des traces de la vie des terroirs pour la mémoire des générations futures. 3000 cartes ont été ainsi publiées en dix ans.

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Analyser et dater une carte postale

Le dos de la carte

Un arrêté du 18 novembre 1903 autorise l’adresse sur la partie droite et la correspondance à gauche. Donc si le dos de la carte n’est pas divisé nous sommes en présence d’une carte éditée avant décembre 1903, s’il est divisé en deux parties, la carte est postérieure à décembre 1903.

L’illustration

Avant 1897 : très peu de cartes illustrées.
Vers 1900 : l’image n’occupe qu’une infime partie de la carte.
1903-1904 : elle prend possession de toute la place, pour ne garder qu’une toute petite marge sur le pourtour.
Ensuite la photo est en pleine page et n’évolue pratiquement pas durant 20 ou 30 ans.
A partir des années 1930, la qualité de la carte ainsi que les sujets sont souvent de factures inférieures mais ils restent les témoins d’une époque.
En 1950 on abandonne le format 9 X 14 pour passer à celui des cartes modernes 10,5 X 15.
Sortie de tirages photographiques noir et blanc, très souvent à bords dentelés.
La carte postale ancienne est en noir et blanc. Les cartes anciennes en couleur sont des cartes coloriées par l’éditeur pendant l’élaboration.
La carte noir et blanc peut être transformée en monochrome, la photo noir et blanc est développée en sépia, en bleu ou en vert.
En 1960, sortie des tirages en couleur en quadrichromie.

Le support

Le type de support peut renseigner sur la date de fabrication, par exemple les dos verts, le carton crème, le carton à bord dentelé.
De 1870 à 1889, les précurseurs sont des cartes non illustrées.
Les cartes pionnières ont un dos à trois lignes réservé à l’adresse, la correspondance doit se faire du coté de la photo.
De 1904 à 1908, la correspondance est progressivement autorisée au dos de la carte. Avant 1910, les éditeurs utilisent du papier de chiffon bien blanc. Après 1910, et surtout vers 1914, les éditeurs utilisent du papiers au bois, granuleux et le dos est vert.
Le timbre et le cachet

L’évolution du tarif d’affranchissement permet de remonter à la période de circulation d’une carte, car parfois le cachet manque ou est illisible.
Le cachet lui-même est important car il a quasiment valeur de preuve. Il indique le bureau postal, le département, la date et l’heure de levée. L’administration des Postes, par égard pur ses clients, appose aussi un cachet à l’arrivée, sur le même principe mais avec un cercle tireté.

Année      Tarif normal (5 mots sans correspondance)
1898        10 cts
1899        10 cts 5 cts
1909        10 cts 5 cts
1917        15 cts 10 cts 5 cts
1920         20 cts 15 cts 5 cts

Vignettes
Mouchon : allégorie Droits de l’homme, entre 1900 et 1901
Blanc : entre 1900 et 1924
Semeuse lignée : entre 1903 et 1939
Semeuse camée : de 1906 à 1939

Avec l’aimable autorisation de Aux Pays de mes ancêtres

Pour en savoir + sur la carte postale :
  • Historique de la carte postale illustrée française, 1987, et Dictionnaire de la cartophilie Francophone, 1990 – Paul Noël Armand 1921/1989,
  • James Eveillard, Histoire de la carte postale et la Bretagne, Ed. Ouest- France, 1999.
  • L’Age d’or de la carte postale, Balland, 1966 et 1975.
  • Albert Monnier, La carte postale, éd. LPAM, 1980.
  • Gérard Neudin et Serge Zeyons, Les cartes postales, Hachette, 1979
  • et tous les sites cartophiles figurant sur notre page de liens

Et pour terminer, une petite citation de Pierre Daninos : « La Carte postale est une représentation idéale des lieux destinés à impressionner le destinataire en faisant mentir l’expéditeur. »

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2 réflexions au sujet de « Histoire de la carte postale #4 »

  1. Dans tous ces articles,j’ai retrouvé avec plaisir toutes les informations apprises au stage cartophilie organisé par Philapostel que j’ai suivi en 2011,excellente remise en mémoire pour moi,merci sylvain.

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