Suite de la nouvelle saga exclusive de PHILAPOSTEL Bretagne sur les billets français libellés en francs. Merci à l’avance de vos commentaires, compléments d’information etc …
Les billets du XXè siècle
1942 : le 1.000 francs Déméter
Histoire
Ce billet polychrome imprimé en taille douce se raccroche
au courant allégorique et mythologique d’inspiration nationaliste avec un hommage à l’héritage gréco-romain.
Il fut imprimé de mai 1942 à janvier 1944 puis retiré de la circulation et privé de son cours légal le . Tirage total : 262 800 000 exemplaires.
Description
Ce billet est l’œuvre du peintre Lucien Jonas et fut gravé par Georges Hourriez et Rita Dreyfus.
Les tons dominants sont le bistre-bronze, inspirés des couleurs composites employées par les Allemands dans les Marks d’occupation et permettent d’éviter l’usage de couleurs vives difficiles à se procurer en temps de guerre.
Au recto : la représentation allégorique exprime ici la Fertilité. Au premier plan, la statue de Déméter complétée par un chérubin, sans doute inspirée de celle découverte au sanctuaire de Cnide et conservée au British Museum. Le fond de l’image se compose d’un paysage provençal avec un troupeau de chèvres conduit par un berger vu de dos. La vignette est encadrée par deux colonnes ioniques soutenant une architrave sur laquelle on peut lire « Banque de France » et le montant du billet.
Au verso : la représentation allégorique exprime ici le Commerce équitable et la Sagesse. Au premier plan, un bronze de Mercure au repos tenant le caducée – sans doute inspiré de celui conservé au Musée archéologique de Naples –, et entouré par deux groupes de statues. Celui de droite montre Cerbère aux pieds d’Hercule offrant à Minerve les pommes d’or du jardin des Hespérides. Celui de gauche montre Dejanire se substituant à Atlas pour soutenir le Monde. Ces deux statuaires soutiennent une frise représentant les principaux travaux d’Hercule. Au fond, un panorama du port de Rouen avec des paquebots et la cathédrale.
Le filigrane montre l’effigie de l’Hermès de Praxitèle. Les dimensions sont de 190 mm x 115 mm.
Une iconographie cryptée ?
Il est difficile de déterminer si ce billet exprime oui ou non un message d’espoir, voire de résistance : conçu et émis en 1942, qui est l’année la plus noire du temps de l’Occupation, la Zone libre disparaissant, et le débarquement des Alliés au sud de l’Italie n’étant pas encore intervenu.
Le choix de ces statuaires et des motifs par l’Institut monétaire tient-il du rébus où rien ne semble cependant avoir été choisi par hasard ? On voit que les deux visages des statues sont comme aveuglés, l’air triste nuancé par une touche d’espoir, l’enfant rieur ; au verso, des bateaux fumant venant de l’Ouest (Rouen) dont un, à quai, avec une cheminée étoilée (sur fond rouge, près des pieds du bambin) ; au recto, la Provence et la Naples archéologique…
Conçu en mai-juin 1940, le billet de 50 francs Jacques Cœur est sur ce plan là également très intéressant.
Un vol
Le 9 février 1944, un convoi de la Banque de France est attaqué en sortant de l’imprimerie de Chamalières par des F.T.P. (Francs-Tireurs et Partisans) : 12,760 milliards de francs disparaissent, composés de 200 sacs de billets de 1 000 francs Déméter neufs appartenant aux séries 7-755 à 7-828 : celles-ci sont par la suite déclarées sans valeur. Une partie de cette somme servit à financer le maquis, une autre fut restituée à la direction du Trésor à compter de septembre 1944.
1942 : le 5.000 francs Union Française
Historique
C’est ici le seul billet destiné à la métropole dont la thématique soit l’Empire colonial français, et ce, de façon aussi affirmée. Le surnom du billet est parfois « 5000 francs Empire français » mais l’Union française, bien que votée constitutionnellement en 1946, restait un concept élaboré dès 1944 par le général de Gaulle qui prit une part active aux décisions de réformes monétaires entreprises sous l’égide de la Banque de France par le biais de l’ordonnance du 4 juin 1945.
Ce jour-là, eut lieu le plus gros échange de billets jamais enregistré en France : toutes les coupures d’un montant supérieur à 50 francs devaient être échangées contre du numéraire et des billets de 300 et 5 000 francs, deux coupures qui avaient été stockées dans les réserves de la Banque. Les autres coupures étant privées ce jour-là de cours légal, le Gouvernement espérait ainsi moraliser le contexte économique tout en réorganisant l’émission des billets. Mais c’est le contraire qui arriva : en 1946 et 1947, le marché noir fit florès. C’est ainsi que le Gouvernement décida par surprise de priver de son cours légal ce billet le 29 janvier 1948.
Ce billet polychrome fut imprimé en taille-douce d’abord en 1942 puis de 1944 à 1946 : 99 millions de billets furent diffusés sur le territoire à partir de juin 1945. Il est retiré de la circulation à partir du .
Description
La vignette fut conçue d’après l’œuvre du peintre Clément Serveau, la gravure étant exécutée par Camille Beltrand, Jules Piel et Rita Dreyfus.
D’un grand équilibre polychrome au recto, les tons dominants tirent vers le bleu au verso.
Au recto : au centre, évoquant les colonies, une jeune femme symbolisant la France (regard de face) entourée d’un Soudanais, d’un Annamite et d’un Berbère, tournés vers la gauche, le tout sur fonds de quatre drapeaux tricolores, le tout encadré d’une guirlande de fleurs multicolores.
Au verso : on retrouve au centre la France en jeune femme cette fois sur fonds de fruits et de légumes dans un ton pastel orangé, et, de chaque côté, un paysage de ville maritime dont l’un évoque l’Indochine, l’autre l’Algérie.
Le premier filigrane montre deux têtes de femmes de type asiatique, de profil, et l’autre, une tête de femme de type européen. Les dimensions sont de 208 × 115 mm.
A suivre …