Les bouteilles de vin effervescent sont en bonne place sur les tables pour les fêtes de fin d’année, l’occasion de s’intéresser aux étiquettes, et plus largement aux maisons de champagne. Plusieurs d’entre elles portent la mention « Veuve », on vous explique pourquoi !
Parmi les maisons prestigieuses de champagne, celles dont les noms viennent immédiatement à l’esprit, figurent Veuve Clicquot-Ponsardin, Pommery, Laurent-Perrier, Bollinger… Autant de maisons qui ont pour particularité d’avoir été dirigées par des femmes au cours des XIXe et XXe siècles.
Des femmes qui ont repris la suite des affaires de leur mari, après la mort de ce dernier ; un fait pas si courant à l’époque. Mais pourquoi mentionner leur statut de veuve ? Peut-être parce que depuis toujours, en Champagne, les vignes vont au premier enfant, quel que soit son sexe : lorsqu’une fille hérite des vignes de ses parents, elle peut prendre après son mariage uniquement le nom de son mari, ou bien utiliser leurs deux noms, ou encore garder son nom de jeune fille.
Peut-être aussi parce qu’au début du XIXe siècle, le fait d’être veuve est le seul moyen juridique de diriger une entreprise. « Malheureusement, il y a eu un recul par rapport aux avancées de la Révolution concernant le droit des femmes, explique l’historienne Fabienne Moreau, responsable du patrimoine au sein des Maisons de Champagne du groupe LVMH. À cette époque, une femme n’a pas d’autonomie : si elle n’était pas mariée, elle dépendait de son père, de son frère ou de son oncle ; et si elle était mariée, elle dépendait de son mari. Ce n’est que le statut de veuve qui positionnait l’épouse comme la « continuation juridique » de son mari. À ce titre, elle pouvait signer des chèques, tenir une comptabilité et être chef d’entreprise, ce qui n’était autrement pas possible pour une femme. »
La veuve Cliquot
La première femme à reprendre une maison de Champagne est Barbe Cliquot. Aujourd’hui mondialement connue, la marque porte encore le nom de la veuve éponyme. Elle n’est pourtant pas la fondatrice de cette institution.
« La maison est fondée en 1772, par Philippe Cliquot, qui est en fait son futur beau-père », précise Fabienne Moreau. Celle qui n’est encore que Mademoiselle Ponsardin est née en 1777. Fille du maire de Reims, un grand manufacturier qui possède des entreprises de tissage et une banque, elle est issue d’une grande famille bourgeoise, déjà présente dans le milieu économique.
« Elle épouse François Cliquot, le fils du fondateur de la maison, en 1798, poursuit l’historienne. On sait très peu de chose d’elle avant qu’elle ne soit veuve. Elle n’apparaît dans les archives qu’à partir de 1805, à la mort de son mari, lorsqu’elle reprend la tête de l’entreprise. »
La jeune veuve de seulement 27 ans se révélera être une femme d’affaires hors pair. Elle va diriger l’entreprise de son défunt mari – qui prend alors le nom de Maison Veuve Cliquot-Ponsardin – en développant son activité à travers toute l’Europe, avec pour devise : « Une seule qualité, la toute première ! »
Elle marque durablement l’histoire du champagne, en faisant de sa marque l’une des plus connue au monde. « Elle apportera beaucoup à la fabrication du champagne, en s’intéressant très tôt à la clarté de ses vins et à leur qualité, note Fabienne Moreau. On lui doit par exemple le premier millésime en champagne, en 1810, tout comme le premier champagne rosé, en 1818. Elle met également au point la technique du remuage, le fait de tourner les bouteilles régulièrement. »
Source : Ouest-France
A suivre …
Heureux les collectionneurs de muselets.
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