Pour son 170e anniversaire, le prix du timbre a encore augmenté de près de 10 % depuis le 1er janvier. Le tarif du timbre vert (pli distribué sous 48 heures en France métropolitaine) est passé de 0,80 à 0,88 €, celui du timbre rouge (lettre prioritaire, distribuée en 24 heures) de 0,95 à 1,05 €.
Une hausse indispensable selon la Poste, pour compenser la baisse du volume de courrier envoyé par les Français, qui baisse régulièrement depuis une vingtaine d’années et le développement d’internet et des e-mails.
Pourtant, si les timbres sont moins utilisés qu’avant, ils font partie de notre patrimoine.
Mais revenons aux origines. Nous sommes en 1848, le gouvernement français de la IIe République souhaite mettre en place le même système postal qu’en Angleterre.
Outre-Manche, le premier timbre-poste de l’histoire a été émis le 6 mai 1840. Il est baptisé le Penny-Black, car il vaut un penny et est à l’effigie de la reine Victoria, dont le profil est imprimé en blanc sur fond noir.
Faire payer l’expéditeur
Avant lui, comme partout, c’est celui qui recevait le courrier qui réglait son transport : on payait pour recevoir une lettre. L’invention du système du timbre-poste permet de faire payer l’expéditeur, ce qui est plus juste et plus pratique. C’est le directeur de la poste britannique, Rowland Hill, qui a eu l’idée de ce système après une curieuse découverte. Alors qu’il déjeunait dans une auberge, il est témoin d’une scène touchante. Le facteur apporte une lettre à une servante, qui la prend, en examine l’enveloppe et la lui rend en refusant de payer la taxe.
Intrigué, Sir Rowland l’interroge et celle-ci lui avoue que l’enveloppe était vide. Son fiancé et elle avaient convenu d’un code : selon, entre autres, la façon dont était écrite l’adresse et son emplacement sur l’enveloppe, ils se tenaient au courant de leur santé et se promettaient de se revoir.
Les amoureux ne devaient pas être les seuls à utiliser ce subterfuge qui pénalisait le transporteur, assurant ainsi un service gratuit, à ses dépens. Rowland Hill eut donc l’idée d’inverser le système en faisant payer l’expéditeur grâce à une vignette collée sur la lettre.
Cérès, la déesse des moissons
Côté français, le premier timbre-poste fait donc son apparition le 1er janvier 1849. Baptisé République, il représente la divinité romaine Cérès, déesse des moissons, et se décline en trois couleurs : noir (20 centimes), orange (40 centimes) et rouge (1 franc), en fonction du poids de l’enveloppe.
Dès l’année suivante, ces timbres changent de couleur car leur prix augmente. Après le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, l’effigie de la déesse Cérès est rapidement remplacée par la tête du futur empereur. Il faudra attendre la défaite de 1870 et l’abdication de Napoléon III pour revoir la tête de Cérès sur les enveloppes circulant dans l’Hexagone.
L’administration des Postes souhaite cependant donner une nouvelle image à la toute jeune IIIe République. Les timbres Cérès, dont les chiffres tout petits sont presque invisibles, sont remplacés le 1er janvier 1876 par La Paix et le Commerce, une gravure allégorique de Jules-Auguste Sage, qui remporte le concours lancé par l’État devant plus de 400 projets présentés. Deux ans plus tard, la réforme postale entérine la fin de la tarification locale : il coûte désormais le même prix (15 centimes) pour envoyer une lettre sur tout le territoire.
L’invention des séries thématiques
Avant la Première Guerre mondiale, seuls les timbres d’usage courant sont édités et ont une durée de vie assez longue.
Il faut attendre par exemple près de 25 ans pour que La Paix et le Commerce soit remplacé en 1900 par trois timbres (en fonction des affranchissements) représentant la République, avant l’apparition trois ans plus tard de La Semeuse, créée par Oscar Roty.
Cette dernière deviendra l’un des symboles de la République pendant tout le XXe siècle. Mais c’est bien la Première Guerre mondiale qui va entraîner la création des premiers timbres thématiques.
Pendant les quatre ans de conflit, plus de 4 milliards de lettres sont échangées entre les Poilus et leur famille.
En 1917, une série spéciale surtaxée est éditée au profit des Orphelins de guerre.
Le concept de la série sera repris par la suite lors des grands événements de l’entre-deux-guerres, comme les Jeux Olympiques de Paris en 1924, l’exposition internationale des arts décoratifs l’année suivante ou encore l’exposition coloniale de 1931.
Des timbres commencent également à célébrer des personnalités marquantes de l’histoire. Le premier d’entre eux est dédié à Louis Pasteur, à l’occasion du centenaire de sa naissance, en 1922.
Sept ans plus tard, les timbres s’affranchissent de l’actualité avec l’édition de la première série touristique, qui présente aux Français quelques-uns des plus beaux sites de l’Hexagone comme le Mont Saint-Michel, l’Arc de Triomphe ou le Pont du Gard.
Depuis 1849, la Poste a édité plus de 5 000 timbres différents, qui commémorent toujours des événements historiques, des personnages célèbres ou des joyaux du patrimoine français ou international, avant de proposer des illustrations un peu plus fantaisistes, faisant la joie de certains philatélistes.
En 2018, la Poste a édité une nouvelle série de timbres courants Marianne, mis en circulation en juillet dernier, ainsi que près d’une centaine de timbres de collection. Le programme philatélique, c’est-à-dire le choix des thématiques évoqués sur les timbres, est décidé par le ministre de l’Économie et des finances, via un arrêté publié chaque année au Journal Officiel.
Source : OuestFrance.fr
Merci pour cet article instructif et très intéressant à lire..
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