Où l’on rencontre un empereur qui accorde un peu trop vite les permis de construire…
Espagne, 16e siècle. Des religieux de Cordoue lancent de grands travaux. En effet, leur cathédrale leur paraît trop modeste : pourquoi ne pas la doter d’une nouvelle chapelle ? Mais cela risque de changer radicalement l’allure du bâtiment.
Car la cathédrale est en fait… une ancienne mosquée !
C’est la dynastie musulmane des Omeyyades qui en a posé la première pierre huit siècles plus tôt.
Avec la reconquête chrétienne de l’Espagne, l’édifice a changé de fonction, sans perdre tous ses décors. On se contente d’adapter la mosquée au culte catholique : le minaret, une tour depuis laquelle on appelle à la prière, devient ainsi un clocher. Certaines merveilles restent même intactes, comme le mihrab, une niche sacrée qui indique l’orientation de la prière. Personne n’ose toucher à ses décors qui s’étalent en mosaïque sur un fond doré ou bleu.
Les modifications restent donc modestes, jusqu’aux velléités de nos religieux du 16e siècle. Ceux-ci voient les choses en grand ! Leur chapelle doit prendre place dans l’ancienne salle de prière musulmane qui fourmille de colonnes et d’arcs outrepassés (en forme de fer-à-cheval). Autant dire qu’une bonne partie de ces arcs va disparaître…
Les habitants de Cordoue, attachés au bâtiment, protestent ; mais les religieux n’en démordent pas. Ils en demandent l’autorisation de faire les travaux à l’empereur Charles Quint, qui la leur accorde.
Bientôt, la chapelle voit le jour. Mais lorsque Charles Quint la visite, c’est la catastrophe : il déteste ! L’empereur aurait même dit : « Vous avez détruit ce qui était unique pour faire la même chose que ce que l’on voit partout« .
Trop tard pour faire marche arrière. La chapelle est bien terminée quelques décennies après. Toutefois Charles Quint a été un peu pessimiste : le bâtiment forme désormais un patchwork unique des architectures islamique et chrétienne. Et il fait le bonheur des touristes actuels, à défaut de celui des empereurs !
Source : Artips