Suite de notre voyage aux Etats-Unis (revoir le 1er épisode).
L’histoire de la Poste aux Etats-Unis est enracinée dans un seul grand principe : chaque personne dans le pays – peu importe qui et où – a le droit d’accéder à un service de messagerie postale sécurisé, efficace et abordable.
ci-contre : George Washington, le personnage le plus souvent représenté sur les timbres américains
Des Steamboats au Pony Express
Entre 1789, investiture de son premier Président, George Washington, et 1861 où éclata la Guerre de Sécession, les Etats-Unis ont connu une croissance exceptionnelle : territoire étendu jusqu’au Pacifique à l’ouest et à la Louisiane au Sud, population passée de trois à plus de 30 millions d’habitants.
Le Post Office Department n’est pas en reste, passant de 75 bureaux en 1790 à presque 30.000 en 1860.
Une première tarification, à la feuille et selon la distance parcourue, est édifiée, mais trop complexe, elle est abandonnée en 1845 au profit d’une tarification simplifiée selon le poids. Ainsi, tout pli jusqu’à ½ once (env. 14 grammes) devra être affranchi à 3 cents.
Le transport du courrier est assuré dans un premier temps par des chaloupes et radeaux sur les voies navigables, puis dès 1815 par les bateaux à vapeur ou Steamboats, beaucoup plus rapides. En 1848, un service postal entre New-York et la Californie est ainsi organisé, avec pour objectif un délai maximum de quatre semaines, objectif qui sera rarement atteint. Il faut dire qu’à l’époque, une première compagnie maritime doit acheminer le courrier de New-York jusqu’au Panama. Le canal n’existant pas encore, c’est à dos de mules que le courrier traverse ce pays, avant d’être acheminé à nouveau par bateau jusqu’à San Francisco !
Devant ces délais, les californiens se sentent exclus du Service Postal et le font savoir au Congrès. Malheureusement, le Chemin de Fer, qui devrait résoudre le problème, ne va alors que de la côte est jusqu’à Saint Joseph dans le Missouri, soit environ 1800 kilomètres sur les 4600 à couvrir au total.
William Russell, pionnier américain du transport, milite depuis plusieurs années pour l’ouverture d’une « route postale » entre l’est et l’ouest du pays, mais n’arrive pas à convaincre les responsables du Sénat. Ces derniers craignent pour la sécurité du courrier, cette portion du pays étant déserte, avec des conditions climatiques extrêmes, et occupée par des amérindiens dont on ne sait encore rien.
Soit ! William Russell crée alors sa propre compagnie de transport express, en construisant des relais, en achetant des chevaux robustes et en recrutant des coursiers qui devaient jurer sur la Bible de ne pas se battre, ni abuser de leurs montures, et de se conduire honnêtement.
C’est ainsi que le Pony Express, le 3 avril 1860, entame sa première course à travers les Etats du Missouri, Kansas, Nebraska, Colorado, Wyoming, Utah, et Nevada, avant d’atteindre la Californie en moins de dix jours, avec ses quatre sacoches bourrées de courrier.
La compagnie fonctionnera ensuite sous contrat avec l’US Mail jusqu’en fin 1861, passant le relai au chemin de fer.
Le transport du courrier s’est également diffusé à travers le pays grâce à d’autres moyens : les chariots postaux, les diligences, les mules pour certains secteurs difficiles d’accès, ou encore les traîneaux de chiens dans les zones enneigées.
L’avènement de l’aviation et de la Poste Aérienne, sous l’impulsion de pionniers comme les frères Wright, permettra au courrier de faire un bond important en réduisant énormément les délais de transmission. Un premier vol expérimental a lieu en 1911 : le courrier est alors largué en plein vol et un maître de Poste est chargé de récupérer au sol la précieuse cargaison !
La première liaison commerciale transcontinentale entre New-York et San Francisco ouvre en 1926. Elle nécessite plusieurs haltes et le courrier est acheminé en un jour et demi. Il n’en faut plus aujourd’hui que quelques heures …
ci-contre : le fameux « Inverted Jenny » dont nous avons déjà parlé précédemment sur ce blog ici ou encore ici.
A suivre la semaine prochaine : l’US Postal aujourd’hui et quelques postiers célèbres. Et en attendant, si vous voulez poursuivre le voyage, vous pouvez lire mon carnet de route dans l’Ouest américain sur cette page et les suivantes.