Multicollection #05 : iconomécanophilie

5ème numéro de « Multicollection » où nous faisons un focus sur une collection particulière, avec son nom quelquefois bizarre, sa description, ses principes de classement ou de référencement, quelques chiffres et liens utiles, … Bien entendu, tous vos commentaires sont les bienvenus, que ce soit pour nous dire que vous êtes un fervent adepte de la collection présentée, ou pour nous donner des compléments d’information : à vos plumes !

Iconomecanophilie

Vous ne voyez pas de quoi je veux parler ? Alors je vous aide un peu : c’est en rapport avec une des émissions philatéliques de ce mois de novembre (voir en fin d’article), et cette collection s’appelle également Phosapparaphilie ou encore Mécaphotophilie … Facile cette fois ?

Quoi ? L’ iconomécanophilie est l’art de collectionner … les appareils photo ! Un peu d’étymologie : icône pour photo, mécano pour appareil, et philie pour collection.

Niepce_AppareilDepuis quand ? Les premiers collectionneurs d’appareils photo sont apparus à la même époque que la photo elle-même, à savoir la première moitié du 19è siècle, puisqu’on date aux alentours de 1820 le premier appareil photo (voir photo), utilisé par Nicéphore Niepce lui-même (visible au Musée de Chalon sur Saône).

Qui ? Il s’agit d’une collection spécifique car bien souvent les iconomécanophiles sont aussi et peut-être d’abord des photographes : c’est parce qu’on aime la photo que l’on collectionne les appareils.

Appareils_19eSiecle

photos : Antique & 19th Century Cameras

Combien ? Pour la même raison, il est très difficile de dénombrer les iconomécanophiles, car la plupart d’entre eux sont d’abord photographes. Sachez cependant que plus de 500 associations sont affiliées à la Fédération Française de Photographie (dont une quinzaine rien qu’en Ille et Vilaine) et que chacune d’entre elle compte parmi ses membres des collectionneurs d’appareils photo (mais combien ?).

Où ? Ils sont présents dans le Monde entier, mais sont particulièrement actifs aux Etats-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni, et bien sûr en France.

Comment ? Certes il faut moins de place que pour les enjoliveurs 😉 (voir notre article sur les Insolites de la collection), mais les appareils photo sont néanmoins gourmands en m² si l’on souhaite montrer sa collection. Référencés par pays d’origine, par marques (le site de Sylvain Halgand en recense plus de 10.000 de 650 marques différentes !), puis par types et modèles, ils seront mis en valeur dans des vitrines. Autre idée pour réduire la place : prendre les appareils … en photo et en faire une fresque en forme … d’appareil photo ! Je vous laisse découvrir celle formidable du même Sylvain Halgand sur la page d’accueil de son site.

KievIIa

Un Kiev IIa de 1956, d’ex URSS, ayant appartenu à ma tante.

En savoir + ?
Photo Cine Retro
– le site très complet de Sylvain Halgand
– le club Niepce Lumière
Iconomécanophiles du Limousin
Antique & 19th Century Cameras (in english)
– et beaucoup d’autres liens ici ou ou encore
– et enfin un ouvrage de référence :

Histoire_Appareil_PhotoAppareils_photos

Multicollection #04 : Papyrencausbibéphilie

4ème numéro de « Multicollection » où nous faisons un focus sur une collection particulière, avec son nom quelquefois bizarre, sa description, ses principes de classement ou de référencement, quelques chiffres et liens utiles, … Bien entendu, tous vos commentaires sont les bienvenus, que ce soit pour nous dire que vous êtes un fervent adepte de la collection présentée, ou pour nous donner des compléments d’information : à vos plumes !

Papyrencausbibéphilie

Vous ne voyez pas de quoi je veux parler ? Alors je vous aide un peu : cette collection est aussi appelée PotorchartophiliePictopublicephilie, ou encore Papybeverophilie. Quatre noms pour une seule collection : cette fois vous avez trouvé c’est sur !

Quoi ? Eh bien, après avoir parlé des Tire-bouchons et des bouteilles, nous allons éponger un peu puisqu’il s’agit de … Buvards !

Buvard8Depuis quand ?  À priori, l’apparition des premiers buvards remonterait à la fin du XIXème siècle. Le papier buvard serait né à la suite d’une erreur, celle d’un ouvrier qui aurait omis de mettre de la colle lors de la conception de la pâte à papier. Les propriétés absorbantes du support ainsi créé auraient été immédiatement repérées et très vite appréciées par les utilisateurs du premier objet manufacturé jetable : la plume d’écriture. Le buvard était en effet très utile pour « éponger » l’excès d’encre déposé lors de l’écriture à la plume. Dans d’autres cas, les buvards pouvaient également servir de sous-mains pour éviter de salir ou de corner les feuilles des cahiers. Etant toujours placés devant les yeux des écoliers et de leurs parents, les buvards furent rapidement utilisés comme supports publicitaires.

Une très grande quantité de buvards furent imprimés peu après la 2ème Guerre Mondiale. Le déclin du buvard fut amorcé … avec l’apparition du stylo à bille. En 1965, le ministère de l’Éducation Nationale autorise son utilisation dans les écoles. Comble de malheur, le stylo Reynolds clamera dès lors et sur ce support : « L’encre papersec des stylos Reynolds rend ce buvard inutile » ! Cette innovation mettra fin à l’ère du buvard, qui n’est plus guère utilisé aujourd’hui  … sauf par les philatélistes pour absorber l’encre des oblitérations premier jour !

Buvard5

Combien ? Les collectionneurs de buvards sont à priori assez peu nombreux, même si je n’ai trouvé aucun chiffre sur le sujet. Toutefois, plus de 40.000 buvards sont proposés à la vente sur un site d’enchères bien connu : il doit donc y avoir quelques amateurs (par comparaison, il y a quand même 400 fois plus de timbres sur ce même site) ! Parmi les collectionneurs français, on en dénombre une vingtaine possédant plus de 10 000 buvards différents.

Où ? Je n’ai trouvé qu’une association de collectionneurs de buvards : Pictavia, créée en 1995, qui regroupe quelques dizaines de collectionneurs pas uniquement de buvards mais aussi d’albums d’images, de protège-cahiers, de vignettes ou encore de menus.

Comment ? Les buvards sont collectionnés soit d’une manière globale, soit par thématique : fables, autos, alcools, alimentation, habillement, produits pharmaceutiques, marques célèbres, illustrateurs, etc.
Des grandes marques ont édité des séries de buvards devenus des incontournables de la collection. Des dizaines voire des centaines de milliers de modèles de buvards publicitaires peuvent entrer dans cette collection, par exemple : Bic par Savignac, Gaz et électricité par Hervé Morvan, Pierre Fix-Masseau, Lefor Openo, La vache qui rit (Beuville), Graf (Joé Bridge), parapluies Revel (Cappiello), Moutarde Parizot (Poulbot), Pétrole Hahn (Cassandre), etc…

Voici pour finir quelques échantillons de buvards, avec un clin d’œil à notre ami Jean puisqu’il y en a un sur Poulbot !        (Cliquer sur chaque image pour agrandir)

En savoir + ?
les-buvards.com : véritable base de données sur les buvards
Accro-buvards
– le site très complet de DidierBuvards
– l’association Pictavia des collectioneurs de buvards

LesMinisDuMidi.com

LesMinisDuMidi.com

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P.S. : suite à notre article « Multicollection #02 : buticulamicrophilie« , Bernard du site le Club Mignonnettes Passion m’a informé qu’il ouvrait une boutique en ligne de vente de mignonnettes, boutique dont voici le lien : http://www.lesminisdumidi.com/.

Merci d’avance à tous ceux qui voudront bien lui rendre visite.

14 oct 1915 : le timbre à un penny

Selon Le Figaro du 14 octobre 1915, une proposition de loi a été faite afin que l’affranchissement des lettres entre la France et l’Angleterre bénéficie d’une réduction de dix centimes. A cette époque l’affranchissement au tarif intérieur est de 10 centimes alors que la lettre pour l’étranger est tarifée à 25 centimes.

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«La question du timbre-poste à un penny, dont nous entretenions l’autre jour nos lecteurs, a fait récemment l’objet d’une étude à la commission des P. T. T. de la Chambre, qui a chargé M. Bouctot, député de la Seine-Inférieure, de déposer à ce sujet une proposition de loi, ce qui fut fait le 20 juillet 1915.

Dans son exposé des motifs, M. Bouctot, qui a recueilli les signatures d’un certain nombre de ses collègues de tous les partis, donne d’excellentes raisons pratiques et sentimentales d’opérer la réduction à dix centimes de l’affranchissement des lettres entre la France et l’Angleterre, en attendant qu’on en fasse profiter tous nos alliés.

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Georges Bouctot

Ce projet a éveillé l’attention de nombreuses personnalités anglaises qui, depuis longtemps déjà, préconisent la réduction, et le président du «Commercial committee» de la Chambre des communes, sir John Randles, prenant acte de la proposition Bouctot, a fait préparer et a remis un rapport en faveur de son adoption.

La réussite dépend surtout, en France, de l’avis que formulera notre ministre des finances» écrit Le Figaro du 14 octobre 1915. Source : LeFigaro.fr

L’avis de ce ministre, Alexandre Ribot, ne fut finalement pas favorable, et le courrier entre la France et l’Angleterre resta à 25c jusqu’au 1er avril 1921 où il passa à 50c.

lettreAng_25cEn Savoir + sur :
Georges Bouctot
Alexandre Ribot
– La Semeuse camée

Multicollection #03 : Pomelkophilie

3ème numéro de « Multicollection » où nous faisons un focus sur une collection particulière, avec son nom quelquefois bizarre, sa description, ses principes de classement ou de référencement, quelques chiffres et liens utiles, … Bien entendu, tous vos commentaires sont les bienvenus, que ce soit pour nous dire que vous êtes un fervent adepte de la collection présentée, ou pour nous donner des compléments d’information : à vos plumes !

Pomelkophilie

Vous ne voyez pas de quoi je veux parler ? Alors je vous aide un peu : l’ autre nom de cette collection est l’ Hélixophilie … Toujours pas ? Pourtant c’est une suite logique de notre précédente étude sur la Buticulamicrophilie

Quoi ? La Pomelkophilie est l’art de collectionner … les tire-bouchons ! Un peu d’étymologie : ce terme est tiré du grec « poma » qui signifie bouchon, « elkein » qui veut dire tirer et bien sûr « philo » aimer.

Tire-bouchonsDepuis quand ? « SPOC » : il a fallu attendre 1728 pour que ce délicieux bruit produit par l’extraction du bouchon se fasse entendre autour des tables ou au fond des caves. Il faut dire qu’avant cette date la commercialisation du vin en bouteille était interdite. La fraude était le principal motif de cette interdiction car la contenance des carafes fabriquées artisanalement ne permettait pas d’en certifier la jauge comme on disait à cette époque.

Le premier tire-bouchon remonte à la fin du 18ème siècle, mais l’âge d’or du tire-bouchon se situe vers le milieu du 19ème siècle, belle époque de l’industrie et des inventions britanniques. En ces temps-là, les visionnaires rivalisaient pour déposer leurs brevets d’invention de toutes sortes, y compris le tire-bouchon. Le premier brevet fut accordé à Samuel Henshall en 1795. Dès lors et jusqu’au début du 20ème siècle, on enregistra plus de 300 brevets pour les tire-bouchons, ce qui souligne leur progression. Ce sont ces tire-bouchons que possèdent les collectionneurs du monde entier, amateurs de tire-bouchons anciens.

TireBouchon1Combien ? Il est difficile d’estimer le nombre de tire-bouchons existant. Il existe toutefois un catalogue qui en  recense plus de  9.000 différents !
Quant aux collectionneurs, il est probable qu’on en trouve aux quatre coins de la planète, mais en majorité ils sont originaires du Canada, de Scandinavie, d’Italie, d’Angleterre , et bien sûr de France. Il existe des musées du tire-bouchons dans tous ces pays (en France à Ménerbès dans le Vaucluse)
Le plus ancien club, l’ ICCA (les correspondants internationaux des addicts des tire-bouchons : ça ne s’invente pas !), a été fondé en 1974 à la brasserie Guinness à … Londres (!), et a limité son nombre d’adhérents à 50 mais ils sont experts et issus des 5 continents. Le club canadien CCCC revendique 300 adhérents de 30 pays différents. Le CFTB (Club Français du Tire-Bouchon), créé en 1995, a une centaine d’adhérents originaires de 10 pays.

Où ? C’est une question bête : on trouve des Tire-bouchons partout dans le monde ! TireBouchon2

Comment ? On classera les tire-bouchons selon leur type (cliquez sur chaque type pour en visualiser des exemplaires sur l’excellent site de Jean Pierre Mascaron :

Tire-bouchons simple : les tire-bouchons simples sont appelés également tire-bouchons en T.
Tire-bouchons à mécanisme : on peut considérer qu’un tire-bouchon est à mécanisme dès qu’il n’est plus simple. C’est à dire qu’on l’a perfectionné afin d’apporter une aide à l’extraction manuelle du bouchon.
Tire-bouchons à levier : ce sont également des tire-bouchons à mécanisme, mais ils diffèrent des précédents par le fait que l’extraction du bouchon est aidé par la démultiplication de l’effort par un ou deux bras de levier.
Tire-bouchons de poche : pour l’avoir à portée de main, le tire-bouchon a rapidement été réduit de taille afin de le glisser dans la poche. De nombreuses solutions ont été trouvées pour protéger la mèche et pour le transporter sans danger.
Tire-bouchons multifonction : comme pour les tire-bouchons de poche, la vie quotidienne exigeait autrefois d’avoir de multiples accessoires comme la clé d’horloge, le passe-lacet, le casse-sucre en permanence à portée de main.
Tire-bouchons de comptoir : ces tire-bouchons ont été inventés tout d’abord pour déboucher les bouteilles de bière, sa popularité s’est agrandie avec la fréquentation des bars et des pubs.
Tire-bouchons figuratif : l’art figuratif s’attache à représenter les formes du monde visible, ou prend ces formes, nettement identifiables, les tire-bouchons en sont un bon exemple. Ainsi parmi les plus nombreux et les plus célèbres nous trouvons : les pisseux, les clés, les objets de marine, les animaux…

Quant à leur rangement, certains les conservent dans leur boite d’origine, d’autres les mettent en vitrine, … ou même sur les poutres de leur maison !

Tire-bouchons_poutreEn savoir + ?
– le Club Français du Tire-Bouchons
– le site très complet de Jean Pierre Mascaron
– le site de Joseph C Paradi, expert en tire-bouchons (english spoken)
– les Tire-bouchons de Rebel avec la chanson du Tire-bouchons et même une pétition pour sa survie !

CQFD #03 : semeuses camées 35c et 30c

CQFD est une abréviation qui veut dire « Ce Qu’il Fallait Démontrer » et qui conclue souvent une démonstration mathématique. Mais ici, l’internaute Fabrou nous propose une autre définition un peu moins francisée : « Comment Qu’on Fait Donc ? » Mais nous ne chipoterons pas sur cette définition pour nous concentrer sur les vidéos qu’il propose et qui sont très pertinentes.

Au programme de ce numéro 3 :
Comment reconnaitre les faux amis des semeuses camées 35c et 30c ?

L’ Aviation postale 2/2

La Poste aérienne est née avec le transport de courriers par Ballons montés pendant la guerre de 1870. C’est en effet la première expérience mondiale de transport régulier par une administration postale de courriers par la voie des airs : plus de deux millions de plis circuleront ainsi entre Paris assiégé et la province (et le reste du monde).
Mais si l’on excepte ce bref épisode de 4 mois, l’histoire de l’Aéropostale est étroitement liée à celle de l’aviation tout court.

Voici la deuxième partie du diaporama sur l’aviation postale, découvert par l’un des nombreux internautes fidèles du site de PHILAPOSTEL Bretagne (merci Marcel !).

Poste_aerienne2

En savoir + sur l’aviation postale :
Historique de la Poste Aérienne en France
– l’Aéropostale : l’épopée des pionniers de l’aviation
– la Poste Aérienne sur Wikipédia

Les capsules de champagne lui font tourner la tête

Jean-Jacques Dauby ne boude pas une coupe de champagne, mais bien plus que les bulles, ce passionné collectionne les capsules et quelques muselets depuis près de 18 ans.

C ’est une passion qui est arrivée en 1996, quand j’ai commencé à visiter des caves de champagne, explique Jean-Jacques Dauby. J’ai démarré ma passion à la naissance de ma dernière fille. Je collectionnais déjà avant d’autres choses comme les petites voitures, les stylos, j’ai tout arrêté pour les capsules. »

Jean-Jacques fait les brocantes, principalement en exposition ou en échanges. Il se met en contact avec les collectionneurs passionnés. Ce placomusophile possède un kit complet qu’un ami lui a offert sur le champagne Charles-Heidsieck, avec deux capsules datant de 1942 et 1952, et l’original de l’avis de décès de celui-ci. Un ensemble rarissime. Ce sont ses plus anciennes. Suite…

CapsulesDauby

L’ Aviation postale 1/2

La Poste aérienne est née avec le transport de courriers par Ballons montés pendant la guerre de 1870. C’est en effet la première expérience mondiale de transport régulier par une administration postale de courriers par la voie des airs : plus de deux millions de plis circuleront ainsi entre Paris assiégé et la province (et le reste du monde).
Mais si l’on excepte ce bref épisode de 4 mois, l’histoire de l’Aéropostale est étroitement liée à celle de l’aviation tout court.

C’est ce que je vous propose de découvrir en deux parties, aujourd’hui et lundi prochain, grâce à ce diaporama découvert par l’un des nombreux internautes fidèles du site de PHILAPOSTEL Bretagne (merci Marcel !).

Poste_aerienne

En savoir + sur l’aviation postale :
Historique de la Poste Aérienne en France
– l’Aéropostale : l’épopée des pionniers de l’aviation
– la Poste Aérienne sur Wikipédia

Décalage : les PTT à la fin du 19è siècle #16

Le 3 mars 1898, le Bulletin hebdomadaire des PTT nous propose cette étude sur « Les lignes télégraphiques en rivière » :

« Le titre doit paraître étrange, mais va s’expliquer facilement. Il s’en faut que la pose des lignes télégraphiques aériennes soit toujours facile en dépit de son apparente simplicité, dans les pays neufs où la population est exubérante et où les fils ne seraient pas toujours respectés par les habitants.

Souvent ceux-ci, sans mauvaise intention, couperont les fils pour leur usage personnel, persuadés qu’ils sont qu’ils ne servent pas : comme le vieil indien dont on nous racontait l’histoire, ils n’ont jamais vu passer une dépêche, c’est donc qu’il n’en passe point. […]
C’est pourquoi l’on a songé à immerger des câbles dans les rivières : ils sont cachés et à l’abri de mainte attaque. […] on rencontre sans doute quelques difficultés dans le bon entretien du câble, mais la tentative est intéressante, et mérite de susciter des imitations. »

Cette étude m’inspire deux réflexions ou plutôt deux questions :
– la première pour Olivier : serions-nous (re)devenu un « pays neuf » ? 😉
– la seconde à destination du Bulletin des PTT : nous auraient-ils cru si nous leur avions annoncé qu’un siècle plus tard, 250 câbles d’un total d’un million de kilomètres, reposeraient au fond des océans en reliant en de multiples points les cinq continents ?

Cables_sous_marins

Multicollection #02 : Buticulamicrophilie

Voici le 2ème numéro de « Multicollection » : nous y ferons un focus sur une collection particulière, avec son nom quelquefois bizarre, sa description, ses principes de classement ou de référencement, quelques chiffres et liens utiles, … Bien entendu, tous vos commentaires sont les bienvenus, que ce soit pour nous dire que vous êtes un fervent adepte de la collection présentée, ou pour nous donner des compléments d’information : à vos plumes !

Buticulamicrophilie

Vous ne voyez pas de quoi je veux parler ? C’est un peu plus facile que pour le 1er article de ces multicollections :

Quoi ? La buticulamicrophilie est l’art de collectionner … les miniatures de bouteilles

     armagnac           porto

Depuis quand ? Si les Romains avaient déjà créé à l’époque des bouteilles miniatures pour conserver l’alcool, les premières mignonnettes apparaissent à la fin des années 1800 en Europe de l’Ouest.
Peu à peu la mignonnette se démocratise, et dans les années 50 l’ensemble des fabricants d’alcool se mettent à créer leurs miniatures :Apéritifs, whisky, gin, rhum, calvados, cognac, armagnac, mais aussi bière, vin et sirops…Chaque distillerie, chaque fabrique d’alcool se met à fabriquer ses petites bouteilles, qui sont distribuées dans les trains, les avions, les entreprises…
Entre 1970 et 1980, La mignonnette fait désormais partie des collections phares en France. A la fin des années 80, l’effet de mode s’essouffle et les coûts de fabrication restant élevés, la production baissera progressivement.
Il n’existe apparemment pas de catalogue de cotation de ces objets. Toutefois, la cote des miniatures peut s’évaluer selon plusieurs critères :
– leur type : les grandes marques d’alcool (Whisky, Cognac, Armagnac) sont les plus cotées, tandis que les vins ou autres apéritifs et digestifs le sont moins
– la quantité d’alcool dans la bouteille : l’évaporation ou « l’ingurgitation » leur enlève tout ou partie de leur valeur
– l’état de conservation, en particulier l’étiquette ou le système d’ouverture

Combien ? La bibliothèque des bouteilles miniatures (cf premier lien ci-dessous) recense plus de 34.500 mini-bouteilles dans le Monde, mais annonce qu’il en existe plus de 65.000 dans plus de 170 pays !

Où ? Les buticulamicrophiles sont présents sans doute dans le monde entier. Américains, anglais, allemands et français ont l’air d’être les plus représentés.

whisky      tubes

Comment ? Les mignonnettes sont généralement offertes par les distilleries ou vendues également par ces producteurs ou commerçants. Le classement peut s’effectuer :
– par taille : les mignonnettes ont souvent une contenance de 20 à 50 ml, voire pour certaines étrangères 100 ml, mais on en trouve aussi de 200 ml. Il existe même des tubes échantillons de 40 à 60 ml ! Les plus importantes sont par contre moins prisées des collectionneurs.
– par âge de production : cependant il est souvent difficile de déterminer l’âge de telle ou telle bouteille et donc cela rend compliqué ce classement
– c’est donc par pays que la plupart des collectionneurs référenceront leurs collections, avec en sous classement le type de breuvage : vin, whisky, etc …

Ces miniatures sont ensuite présentées dans des vitrines dont certaines sont du plus bel effet :

mignonnettes1 mignonnettes2

En savoir + ?
Miniature Bottle Library (en anglais)
– le Club Mignonettes Passion qui recense aussi les distilleries
– un spécialiste des mignonettes de Cognac
– un autre spécialiste des anisés
– et un autre du Whisky

Il y a 240 ans …

Il y a 240 ans, le 4 septembre 1774, le navigateur James Cook, avec ses deux navires l’Aventure et la Résolution, découvrait ce qu’il allait ensuite nommer la Nouvelle-Calédonie, une contrée jusque là inconnue des Européens, une île que le navigateur va s’empresser de cartographier.

Il aura fallu deux voyages pour que le navigateur anglais James Cook découvre celle qu’il allait lui-même baptiser la Nouvelle-Calédonie. Lors de son 1er voyage, il découvre les îles de la Société puis l’Australie et la Nouvelle-Zélande dont il prendra possession au nom de la couronne britannique. Ce n’est que lorsqu’il part pour l’Océan Antarctique , dont il longe la banquise, qu’il finira par découvrir la grande terre et îles alentours, le 4 septembre 1774.
A l’époque, personne, en Europe, n’avait jamais entendu parler de ces lointaines contrées. On ignorait même jusqu’à leur existence. Très vite, le navigateur s’empresse de cartographier la Nouvelle-Calédonie comme il le fera partout où son navire devait accoster.
L’un de ses premiers croquis, où ne figure que la côte Est, constitue la toute première carte calédonienne.
Caledonie_carte
Cliquer sur les images pour les agrandir.

La chaine de télévision NC 1ère a rencontré le Directeur de la Société d’Études Historiques de la Nouvelle-Calédonie Gabriel Valet pour évoquer avec lui cette 1ère esquisse de carte de la Nouvelle-Calédonie : visionnez la vidéo de ce reportage.
Le 26 septembre de la même année, James Cook découvre l’île des Pins, au sud-est du « Caillou ». Il faudra ensuite attendre 1788 pour que d’Entrecasteaux, avec La Recherche et l’Espérance, découvre au Nord le chapelet d’atolls qui portera son nom (zone protégée pour les oiseaux et tortues vertes), et longe la côte Ouest, pendant sa tentative de retrouver Monsieur de La Pérouse, dont on est sans nouvelles depuis 3 ans.
Le capitaine breton Jean-Michel Huon de Kermadec mourra d’ailleurs de la tuberculose sur le « Caillou » pendant cette mission. Il laissera son nom aux îles Kermadec, au Nord de la Nouvelle Zelande, ainsi qu’au Kakariki à front rouge ou Kakariki Kermadec, une espèce calédonienne de perruche en voie de disparition.
taaf077_navigateurs Kakariki_Kermadec
Kermadec_islands2
Kermadec_islands
Enfin, et même si on prête aux précédents cités le fait de s’y être arrêtés, c’est Dumont d’Urville qui cartographiera les îles Loyautés (Ouvea, Lifou et Maré) en 1828 puis 1840.

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La révolte du papier timbré

Bien avant le premier timbre de 1850 existait déjà le papier timbré, ancêtre du timbre fiscal actuel. Dès 1626 en effet apparaissent ces premiers timbres fiscaux dans les Provinces-Unies (Pays-Bas d’aujourd’hui), puis en Espagne en 1637, pour faire payer aux usagers une taxe sur les documents qu’ils désiraient faire enregistrer (contrats, testaments, jugements, etc.), notamment pour pouvoir ultérieurement les utiliser en justice.

Ces timbres royaux consistaient en une marque comportant un symbole royal (couronne, fleur de lys) et une valeur qui croissait avec la dimension de l’acte sur lequel cette marque était frappée. Par la suite, certains actes furent soumis à une taxe graduée (quittances) ou proportionnelle (traites, contrats) variant suivant leur montant.

En France, c’est Mazarin qui le premier proposa cette taxe en 1655, mais elle fut rejeté par le Parlement. Si bien que Louis XIV ne réalisa ce projet qu’en avril 1674, dans le but de financer sa guerre contre les Provinces Unies, en rendant le papier timbré obligatoire pour de nombreux usages dont les registres paroissiaux contenant l’Etat Civil. Quelques mois plus tard, en septembre, c’est une nouvelle taxe sur le tabac qui vient frapper le peuple français, puis une autre sur tous les objets en étain. Cette fois c’en est trop : c’est la révolte du papier timbré !

Un exemple d'un des premiers actes produits sur papier timbré à Quimperlé (9 avril 1674, inventaire après décès)

Un exemple d’un des premiers actes produits sur papier timbré à Quimperlé (9 avril 1674, inventaire après décès)

En Bretagne, ces nouveaux impôts et ces menaces s’ajoutent à une situation économique difficile. La province est alors très peuplée (environ 10 % de la population du royaume), et épargnée par les disettes et les épidémies depuis les années 1640. Dans les années 1660-1670, elle entre dans une phase de difficultés économiques, consécutives aux premiers effets de la politique de guerre économique de Louis XIV, de l’augmentation sensible et simultanée des impôts, et de faiblesses structurelles, par exemple : diminution des deux tiers du commerce du vin et des toiles d’après le duc de Chaulnes (surnommé an hoc’h lart : le gros cochon, en breton), gouverneur de Bretagne de l’époque.

Papier_timbre2C’est le pays de Carhaix qui se souleva le premier, en refusant de payer ces nouvelles servitudes. La révolte gagna toute la Bretagne, même si toutes les communes n’y participèrent pas. Appelée également révolte des Bonnets Rouges dans la région du Poher (terme repris dernièrement), ou encore révolte des Torreben (Casse-têtes) dans le Bigouden, elle sera menée très souvent par les femmes, les plus touchées par la législation royale.

Les véritables émeutes urbaines réellement spontanées commencent dans les deux grandes villes, Rennes et Nantes. Le schéma y est le même : les bureaux de papier timbré ou de marque de la vaisselle en étain sont pillés, des affrontements ont lieu au cri de « Vive le roi sans la gabelle ! ». Un premier soulèvement a lieu à Rennes le 3 avril 1675, puis un second le 18 avril qui fera au moins dix morts. Puis la révolte s’étend à toute la province jusqu’au mois d’août où le maximum de violences sera atteint. Les troupes du Roi se livreront alors à de sévères « punitions » : les responsables des émeutes seront pendus ou envoyés aux galères, les clochers privés de leurs cloches voire même décapités. Le bilan de ces émeutes est encore aujourd’hui difficile à déterminer, le Roi ayant fait procéder à la destruction de toutes les archives de l’époque. La Bretagne sera alors mise « sous intendance » qui la ruinera complètement en 1679.

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La Chapelle de Languivoa et son clocher décapité

Source : Wikipédia

Une visite virtuelle pour revivre la révolte du Papier timbré

Gauthier Aubert est maître de conférences d’histoire moderne à l’université Rennes 2. Avec Antoine Gouritin et Anne-Isabelle Gendrot, deux étudiants, il a créé une visite interactive sur les révoltes rennaises du Papier timbré de 1675. Une initiative dédiée aux Rennais friands d’Histoire, et néanmoins à la pointe du progrès puisque cette visite se fait à l’aide d’une application interactive à télécharger sur votre smartphone. Vous revivrez la révolte du Papier Timbré à Rennes en 2h30 d’une balade de 3 kilomètres !

Voir l’interview du Mensuel de Rennes sur le sujet.

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La saga de la rentrée : les Oubliés de Saint Paul #4

PHILAPOSTEL Bretagne vous propose de vous conter en 4 épisodes cette tragique aventure qui, bien qu’ayant fortement marqué l’histoire des TAAF, reste souvent méconnue du grand public. C’est après avoir recueilli et regroupé divers documents et informations sur le sujet (voir les sources en fin d’article) que je suis en mesure de vous la présenter aujourd’hui.

Vous savez tout maintenant sur ces « Oubliés de Saint Paul ». L’histoire est-elle finie pour autant ? Un groupe de personnes, composé entre autres des descendants des survivants, souhaitent que la tragédie de ces oubliés … ne soit pas oubliée. Ils se sont regroupés en association, Faire Vivre le souvenir des Oubliés de Saint-Paul, et organisent depuis diverses manifestations pour honorer la mémoire de ces disparus.

Pour ne rien oublier

Il suffit parfois d’un acte administratif pour faire ressurgir l’histoire, qu’une tombe voit sa concession échoir pour que le passé revienne à la surface … Concarneau, 2011 : la mairie fait apposer sur deux des tombes du cimetière des affichettes « La concession est échue. Veuillez vous adresser à la mairie – Etat civil. ».

A priori Louise Le Meur n’a plus de descendance, son fils Louis surnommé « Lili » est décédé au Croisic en 1995, sa fille Maria est enterrée au cimetière de Paray-Vielle-Poste avec son fils et sa seconde fille Paule a été enterrée à Saint-Paul à l’âge de deux mois.

Par contre la famille de Julien le Huludut réagit immédiatement. Elle prend contact avec la mairie. Sa fille à Julien, Maryvonne vit en Drôme Provençale, sa nièce, Dominique seule est restée dans la région de Concarneau. Et voilà qu’à la Mairie, elles évoquent le passé « extraordinaire » de ces deux êtres, mais aussi le passé de 6 autres bretons et de 44 malgaches. Et soudain, elles prennent conscience qu’avec la fin de la concession des tombes concarnoises, un pan de l’histoire de la pêche va disparaître, que des gens « oubliés » vont être à nouveau oubliés. Pas un nom de rue n’évoque cet événement, pas une plaque, pas une stèle. Il existe dans les ports de France des stèles et des monuments pour les péris en mer, les Terre-neuvas sont honorés à Saint-Malo ou à Saint-Pierre. … Mais aucune trace dans aucune ville de France des « Oubliés de Saint-Paul ».

L’histoire pourtant en 1931 a fait la une des journaux. L’Ouest-Eclair, L’Humanité, L’Illustration et tant d’autres ont relaté le drame qui s’est déroulé dans les îles australes. La Justice s’est prononcée, des appels ont été interjetés, les coupables condamnés, les sanctions jamais exécutées. Et pourtant les instigateurs (Ndlr : les Frères Bossière) des activités ayant conduit à ces tristes événements sont encore considérés comme des explorateurs modèles, des entrepreneurs « qualifiés ». Des timbres perpétuent leur souvenir, le souvenir de leur usine à Kerguelen et celui de l’usine langoustière de Saint-Paul, mais rien sur les Oubliés.

Il est temps de parler de ceux qui ont subi les événements, le climat, la maladie, l’incurie des gestionnaires, la mort.

Voir aussi Pas de second oubli … – Ouest France

Timbre_UsineLangoustiere Timbre_FreresBossiere

Bientôt un timbre ?

La mobilisation se poursuit pour que les « Oubliés de l’île Saint Paul » ne tombent pas dans l’oubli une seconde fois. Un timbre pourrait être émis en 2015, en hommage aux trois survivants.

En 1930, six Concarnois et un Malgache avaient été abandonnés sur l’Île Saint-Paul, dans le sud de l’Océan indien. Trois y survivront. L’un deux, Julien Le Huludut, décédé en 1968, est aujourd’hui enterré au cimetière du centre-ville de Concarneau.

L’histoire ? Tragique et incroyable. En 1928, René Bossière, patron de la Langouste française, recrute des Concarnois pour pêcher la langouste. Une trentaine d’hommes et de femmes se portent volontaires dans la région. Après un long voyage à bord de l’Austral et une escale à Madagascar pour embarquer des Malgaches, ils débarquent sur l’île, rugueuse et ventée. Ils y construisent une conserverie. Après la saison de pêche sonne l’heure du retour. Sept d’entre eux acceptent alors de rester sur l’île pour entretenir les bâtiments. On leur promet un ravitaillement en produits frais dans les prochaines semaines. Ils attendront neuf mois. Entre-temps, quatre d’entre eux sont morts. Trois du scorbut dont un enfant, faute de fruits et légumes frais, et un par noyade.

À la mémoire des trois survivants

Les trois rescapés ? Louis Herlédan, Louise Brunou et Julien Le Huludut. La fille de ce dernier, Maryvonne Tateossian vit aujourd’hui à Valence. Sa petite-nièce, Dominique Virlouvet, à Rosporden. Elle remue aujourd’hui ciel et terre pour que Concarneau n’oublie pas les siens. Et le message passe. Quelque 530 personnes se sont déjà connectées via les réseaux sociaux pour soutenir le mouvement.

« Nous aurions voulu que la mairie prenne en charge la concession de Julien Le Huludut, échue depuis 1999, explique Dominique Virlouvet. Et valorise l’histoire des Oubliés à travers une plaque commémorative. Mais la mairie n’a pas donné suite, la tombe ne présentant pas d’intérêt architectural. »

La municipalité a pourtant tenu à honorer la mémoire des Oubliés de Saint-Paul. Le magazine communal, Sillage, a consacré, en juin, une double page à leur histoire. Et promet qu’elle sera citée dans les circuits du patrimoine lors des journées du patrimoine à l’automne prochain.

phila action St paul 18-11-2013 4Mais Dominique Virvoulet ne veut pas en rester là. Avec Bruno Boisguéhéneuc, investi lui aussi dans ce devoir de mémoire, elle a rencontré, il y a une quinzaine de jours, Pierre Couesnon, historien des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf), dans le but d’émettre un timbre en mémoire des trois survivants. « La prochaine commission philatélique aura lieu en octobre, indique Bruno Boisguéhéneuc. Le projet du timbre sera proposé au préfet administrateur supérieur des terres australes. Si la commission est d’accord, le timbre pourrait sortir en janvier 2015. »

Si le projet est validé, Pierre Couesnon devra élaborer un dossier complet. « Notre espoir est que le lancement du timbre se passe à Concarneau puisque c’est d’ici que l’histoire est partie », reprend Dominique Virvoulet. La mairie indique quant à elle « que bien sûr, si le timbre devait sortir, la Ville s’associerait à l’événement. »

Dominique Virvoulet espère toutefois qu’une fois le timbre émis, la mairie ira plus loin avec l’installation d’une plaque commémorative « pour tous les Oubliés de Saint-Paul » sur la tombe de Julien Le Huludut. Le groupe de soutien travaille par ailleurs sur le projet d’une commémoration sur le site même de l’expédition, à Saint-Paul.

Dernière minute 10 septembre 2014 : un timbre sur les « Naufragés de Saint Paul » est bien prévu dans le programme philatélique des TAAF 2015. Mais il ne s’agit pas vraiment de naufragés …

Voir aussi Un timbre en hommage … – Ouest France et l’article du Télégramme

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La saga de la rentrée : les Oubliés de Saint Paul #3

PHILAPOSTEL Bretagne vous propose de vous conter en 4 épisodes cette tragique aventure qui, bien qu’ayant fortement marqué l’histoire des TAAF, reste souvent méconnue du grand public. C’est après avoir recueilli et regroupé divers documents et informations sur le sujet (voir les sources en fin d’article) que je suis en mesure de vous la présenter aujourd’hui.

Après avoir découvert l’Ile Saint Paul et l’épopée des frères Bossière, puis écouté le récit de la tragique histoire des « Oubliés », intéressons-nous aujourd’hui au Navire ravitailleur « Ile Saint Paul » qui joua également un rôle dans cette histoire.

Au retour de l’Austral en mai 1930, les sociétés des frères Bossière affichent des résultats très déficitaires ; la campagne phoquière de Pêches Australes à Kerguelen a été très médiocre, ainsi que celle de la « Langouste Française » à Saint Paul, même si pour cette dernière, l’avenir semble prometteur. Les actionnaires sollicités ne veulent plus financer et les deux frères sont contraints de s’en remettre à la Banque de l’Union Parisienne qui prend ainsi le contrôle des sociétés et impose des restructurations très discutables.

Timbre_Austral

Jusqu’ici, le navire usine Austral assurait l’acheminement des langoustiers à Saint Paul et leur retour en France avec la production lors de sa campagne phoquière annuelle à Kerguelen. Cela permettait des économies en dépit d’inconvénients certains dont celui de rendre les deux sociétés dépendantes l’une de l’autre. La banque décide d’affecter l’Austral uniquement à l’activité phoquière à Kerguelen et d’acheter pour la « Langouste Française » à Saint Paul son propre navire. Il est en outre décidé que l’activité de l’usine langoustière serait permanente et que le navire assurerait la relève des personnels, le ravitaillement et le transport de la production.

C’est ainsi qu’en juillet 1930 est acheté à une compagnie maritime d’Oran un cargo de 24 ans d’âge, le Michel Mazella qui faisait du transport de fret entre l’Algérie, le Maroc et les ports français. Ce navire de 3 500 tonnes, de 64 m de long et jaugeant 1 064 tonneaux est rebaptisé Ile Saint Paul, et son commandement confié au capitaine Philippe d’Armancourt.

Toutes ces restructurations ont retardé le départ des navires et ne seront pas sans conséquences sur la suite des évènements. L’ Ile Saint Paul quitte le Havre le 18 octobre 1930 avec des pêcheurs bretons et le directeur de l’usine Pierre Presse. Après des escales à Djibouti, Tamatave où il embarque des ouvriers et ouvrières malgaches, puis à la Réunion, il atteint Saint Paul le 6 décembre 1930. Tous découvrent alors le drame des gardiens de l’usine laissés sur place lors de la campagne précédente en mars 1930 ; sur les 7 gardiens, 4 sont décédés du scorbut. Il est néanmoins décidé de relancer l’activité de l’usine. Lîle Saint Paul après avoir débarqué personnels et matériels repart sur Diégo-Suarez où il doit embarquer un chargement de charbon pour ravitailler à Kerguelen l’aviso Antarès qui effectue une mission de souveraineté dans les îles Australes.

Timbre_IleSaintPaulLe navire fait de nouveau escale à Saint Paul du 17 au 20 janvier 1931 avec à son bord le directeur de la « Langouste Française » Alfred Caillé et le géologue Edgar Aubert de la Rüe accompagné de son épouse, et qui doit effectuer une mission scientifique à Kerguelen. Le 27 janvier 1931, I’lle Saint Paul retrouve à Kerguelen l’Austral et l’Antarès. Puis, à quelques jours d’intervalle, l’Antarès et l’Ile Saint Paul font route sur Madagascar via l’île Saint Paul les 10 et 20 février où ils constatent le bon état sanitaire des langoustiers et l’intense activité de l’usine.

Mais peu après leur passage, le béribéri se déclare parmi le personnel de l’usine provoquant la mort de plusieurs ouvriers malgaches. En raison de la gravité et de l’urgence de la situation, et du fait que la venue de l’Ile Saint Paul depuis Madagascar serait trop longue, ordre est donné à l’Austral d’interrompre sa campagne à Kerguelen et de se porter immédiatement au secours des langoustiers. L’Austral évacue rapidement le couple Aubert de la Rüe et les bergers de Port Couvreux et arrive à Saint Paul le 4 avril 1931. Même si le médecin de l’Austral peut sauver de nombreux malades, la situation est telle qu’il est décidé de fermer l’usine et de rapatrier tous les personnels sur Tamatave (Madagascar).

Timbre_SaintPaulAvec 48 morts dont les 4 gardiens décédés durant l’hiver, le scandale est énorme. Par ailleurs la société ne peut plus faire face à ses dettes et toute reprise d’activité est exclue ; elle est mise en liquidation le 29 juin 1932. C’en est fini du rêve des Bossière dans les îles Australes.

De retour en France, l’Austral est vendu ; quant à I’lle Saint Paul, après avoir effectué quelques transports de fret entre Madagascar, Maurice et la Réunion, il est désarmé au port de la Pointe des Galets à la Réunion le 29 août 1932. Il est vendu aux enchères publiques par le tribunal de St Denis le 20 mars 1935 pour la somme dérisoire de 5 200 fr. Après avoir été livré aux ferrailleurs, la carcasse du navire est coulée en rade de Saint Paul à la Réunion.

A suivre : les « Ouliés de Saint Paul », et maintenant ? Dès demain !

Voir aussi : les nouvelles maritimes d’Ouest Eclair

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Multicollection #01 : Molafabophilie

Comme annoncé dans notre article du 3 septembre dernier, voici le 1er numéro de « Multicollection » : nous y ferons un focus sur une collection particulière, avec son nom quelquefois bizarre, sa description, ses principes de classement ou de référencement, quelques chiffres et liens utiles, … Bien entendu, tous vos commentaires sont les bienvenus, que ce soit pour nous dire que vous êtes un fervent adepte de la collection présentée, ou pour nous donner des compléments d’information : à vos plumes !

Molafabophilie

Vous ne voyez pas de quoi je veux parler ? Alors je vous aide un peu : le nouveau nom de cette collection depuis 2011 est la Mylokaphephilie … Toujours pas ?

Quoi ? La Molafabophilie est l’art de collectionner … les moulins à café ! Un peu d’étymologie va nous permettre d’éclaircir tout cela : Mola (moudre), faba (fève) et philie (qui aime). Ça va mieux ? Et en 2011, le président de la très sérieuse AICMC (Association Internationale des Collectionneurs de Moulins à Café), précisant que la fève était un légume alors que le café est une cerise, demanda l’appui de l’Académie française pour renommer cette collection en Mylokaphephilie avec Mylo (moudre, mais en grec), Kaphe (café), et philie que tout le monde connait désormais.

Depuis quand ? L’origine exacte du café est difficile à déterminer. On suppose ainsi que la  » potion noire  » offerte par l’Archange Gabriel à Mahomet touché par la maladie du sommeil, pourrait être du café : un jour, Mahomet s’éveilla malade. Allah lui envoya l’ange Gabriel (les 2 étaient alors bien copains 😉 ), porteur d’une gourde pleine d’un breuvage noir. Mahomet en bu et se sentit tout de suite mieux. Il finit la gourde et retrouva vite toute son énergie, au point que, dans l’heure qui suivit, il désarçonna quarante cavaliers et honora quarante femmes, selon la légende bien évidemment.
Plus certainement, il semble que c’est un berger nommé kaldi qui, au IXème siècle, aurait découvert le café. Celui-ci avait remarqué que ses chèvres se comportaient étrangement lorsqu’elles mangeaient des baies rouges. Kaldi raconta ce fait bien troublant au prieur du couvent de Chahodet. Ceux-ci eurent l’idée de faire bouillir les noyaux de ces fruits pour confectionner une boisson. La boisson semblait donner force, élan, vitalité. les moines prirent l’habitude d’en consommer, ils ne furent plus la proie de la somnolence lors des longues prières nocturnes du monastère. On la nomma « kawah« .

En 1669, il fait son entrée en France, à la cour de Louis XIV, cadeau de l’ambassadeur de Turquie Soliman Agha venu pour une alliance contre la maison d’Autriche. Le Moulin à café est apparu à la même époque ; on distinguera successivement le modèle Louis XIV taillé dans un seul morceau de bois, le moulin entonnoir, le modèle sablier, le moulin cubique, le moulin flamand et le moulin Peugeot (dont le fameux mural), avant l’apparition du moulin électrique.

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Moulin Louis XIV et moulin sablier

Combien ? Impossible de dire combien sont ces collectionneurs. l’ AICMC revendique quelques 116 adhérents dans une dizaine de pays, mais ils sont sans aucun doute beaucoup plus nombreux.

Comment ? Pas de classement officiel des moulins à café, qui pourront être triés :
– selon la période : Louis XIV, 18è, 19è, 20è siècle
– selon les matériaux : bois, métal, fonte, porcelaine
– ou encore selon les techniques de broyage : percussion, meule, broyeurs mécaniques ou électriques, …
Dans tous les cas, au vu de leur taille, ils ne peuvent être présentés qu’en vitrine.

moulin metal 4504      moulin mural 5008 rouge
Moulin métal et moulin mural flamand

En savoir + ?
– l’ AICMC et son site très complet
– l’ACME (Association of Coffee Mill Enthusiasts) , équivalent américain du précédent
– le site de la collection d’un certain SPIAL, bien documenté
– le site de moulins allemands de Peter Dienes
– les moulins d’Evelyne, ceux de Karine, et beaucoup d’autres encore