LE TIMBRE FANTASTIQUE
Un homme entre dans un bureau de tabac pour acheter un timbre.
Entendons maintenant son avocat devant la cour.
Quant à la précipitation, avec laquelle notre héros est entré dans ce bureau, disons que notre brave homme n'était pressé que par l'heure de la levée de la poste, et toute confusion sera dissipée.
Enfin pour compléter les préliminaires de la scène qui va suivre, mentionnons maintenant que cet homme pressé, était dans un état complet d'ivresse.
Voici la scène:
- "Un timbre à 3 sous s'il vous plait."
En possession de son timbre, notre homme, le suce, le resuce, le mâchonne, le rumine, le tourne, le retourne; puis le croyant, avec raison, suffisamment humecté, il veut le retirer de sa bouche; il le cherche sur sa langue, puis dessous, puis à la voûte palatine, dans ses joues, sur ses gencives, dans sa dent creuse, rien! rien!....
Il l'avait avalé! quand il aurait pu, pour le même prix se payer un petit verre de plus. Aussi devine-t-on sa colère, sans qu'il soit besoin de la dire, il n'eut certainement pas reculé devant l'émétique si ce vomitif n'eut pas dû coûter plus chère que ce qu'il eût fait restituer.
Enfin, il se résigne à sa perte et demande un autre timbre-poste, contre 3 autres sous, qu'il jette avec rage sur le comptoir.
Cette fois, pour éviter le pareil accident, il prend délicatement son timbre, entre le pouce et l'index, tire la langue comme un chien qui suit l'omnibus où est son maître, lèche le signe d'affranchissement de haut en bas, de long en large, après quoi, il se met en devoir de le coller sur la lettre, qu'il tenait toute prête de l'autre main.
Ici, se produit une difficulté : La main mal assurée tente vainement de se placer juste à l'encoignure où doit être posé le malheureux timbre et ce petit carré bleu semble vouloir couvrir, tantôt le nom du destinataire, tantôt le nom de la ville; l'ivrogne s'irrite contre ce récalcitrant inconscient:
" Ah! tu veux cacher le nom, dit-il, ah! tu veux cacher la ville; ah! tu ne veux qu'en faire qu'a ta tête, et bien nous allons voir qui est le plus roublard de toi ou de moi: tiens tu ne t'attendais pas à celle-là?
Sur ce, il cache la suscription, ne laisse voir que la partie blanche, et, d'un air triomphant, lève sa main armée du timbre-poste, l'applique vigoureusement sur la lettre, il regarde, rien! il avait envoyé le timbre à terre.
Le marchant de tabac et les clients présent à ce moment assistent alors à une nouvelle scène de Montauciel voulant ramasser son papier:
"Ah! ah! te voilà, dit l'ivrogne à son timbre, tu veux faire le malin: tu sais que bientôt c'est l'heure de la levée et tu veux me la faire manquer: attends!"
Notre gaillard s'avance en vacillant vers l'objet qu'il poursuit; mais il dépasse le but, et quand il se retourne, le timbre avait disparu: il s'était collé à la semelle du soulier de l'ivrogne.
Furieux de cette nouvelle perte, Chérami (c'est son nom) s'arrache les cheveux, trépigne avec rage, puis, souriant tout à coup s'écrit "Ah! le voilà".
Le timbre s'était, dans les trépignements, décollé de la semelle du soulier et gisait sur le sol. Chérami veux le saisir vivement, s'allonge à terre, et quand il se relève, le timbre avait encore une fois disparu.
Exaspéré par les rires, notre furieux envoie un soufflet au marchand de tabac, sur la joue duquel on voit apparaître le timbre, que, dans sa chute, Chérami s'était collé à la main.
La gifle avait arrêté net les rires, et quand l'ivrogne voulu se précipiter sur le détenteur inconscient de son timbre-poste, celui-ci le repoussa d'un coup de poing, et des agents, qu'on était allé quérir, arrivèrent au milieu d'une mêlée générale.
C'est ainsi que Chérami a été poursuivi pour coups et blessures.
Doux comme un mouton, d'ailleurs, ce brave homme quand il est à jeun, et il en a été quitte pour 48 heures de prison, grâce à la déclaration extrêmement indulgente du marchand de tabac.
Aussi Chérami lui en exprime-t'il sa reconnaissance.
"Merci Monsieur, dit-il; j'écris tous les ans à ma tante pour sa fête; je vivrais cent vingt ans, que je ne prendrais jamais mon timbre ailleurs que chez-vous".
Extrait de plusieurs documents relatant la même histoire.
- Le Droit Populaire de 1881
- Les Tribunaux comiques de 1881
- L'Indépendant de Mascara de 1884
et bien d'autres livres et brochures.
Pour l'utilisation de cette histoire merci de lire entièrement la page d'accueil.
Quelques fautes sont conservés pour garder l'origine du texte.
Petites notes :
Savez-vous pourquoi un timbre ne devrait pas être léché avec la langue ?
L' eau de la colle (gomme) avec laquelle il est fabriqué est impropre à la consommation humaine (eau non potable).
Voici ce qui a été relevé dans un journal des USA
On peut tout de même dire que c'est un cas exceptionnel. Heu .. Bon appétit
Vous avez certainement dans votre jeunesse vendu quelques timbres antituberculeux,
personnellement je n'aurais jamais cru cette disposition aussi dangereuse, voici ce
que relate un journal médical scientifique.
PATJOA
visiteurs depuis le 20/08/2013
Sam. 18 Jan. 2014
|
Commentaire de tiot
salut
super marrante cette histoire vrai
comme quoi il ne faut pas boire quand on doit poster
bonne journée |
Sam. 18 Jan. 2014
|
Commentaire de deirdee
j'aime beaucoup votre site et ces histoires, je reviendrais
Merci beaucoup, alors à bientôt PATJOA |
Jeu. 5 Dec. 2013
|
Commentaire de jill bill
Sourire, et de nos jours auto-collants ! On peut se passer de la langue et de l'éponge quant en gros envois genre cartes de voeux ! Merci Patjoa ! |